11. Civilisation en transition

Volume 10

000301 – Le rôle de l’inconscient. (1918)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 3-28), (§1-48), ), & Jung, DE L’INCONSCIENT Cahiers jungiens de psychanalyse, n° 84, Paris 1995.

L’inconscient est examiné non pas comme une simple construction psycho-logique mais plutôt comme une partie intégrante de la psyché humaine, de son histoire et de son approche du monde. Le terme « inconscient » a d’abord été négligé par les psychologues expérimentaux qui croyaient que tout ce qui était psychique était conscient. Cependant, des médecins qui traitaient des formes sévères de psychopathologie ont découvert que l’idée d’inconscient était une élaboration utile. A partir des découvertes expérimen-tales, le concept d’inconscient comme ensemble des tous les désirs et souvenirs perdus, prit peu à peu forme. Bien que soit acceptée l’observation de Freud selon laquelle la plupart des contenus de la conscience ont à voir avec la sexualité, sa théorie selon laquelle la sexualité est l’instinct fondamental et le principe moteur de la psyché est rejetée au motif qu’elle est dépassée, réductrice et l’unique et obligatoire approche d’une explication de l’inconscient. On suggère que ce type de théorie soit remplacée par une conception qui ferait dériver les processus psychologiques d’une source libidinale d’énergie simplement « existante ». La psyché ne s’explique guère plus que la vie. L’inconscient est divisé en inconscient personnel et collectif : le premier est entièrement constitué du matériel acquis au cours de la vie individuelle, tandis que le second est l’équivalent psychique de la structure inné du cerveau. L’inconscient n’emmagasine pas seulement le matériel refoulé, mais il a également une fonction compensatrice : tout complexe systéma-tiquement rejeté par le conscient va se reformer dans l’inconscient et éventuellement forcer les portes du conscient, compensant ainsi l’unilatéralité du contenu conscient. L’inconscient possède également une fonction créatrice de symboles et représente ainsi la source de l’instinct et de l’intuition. On constate que ces deux fonctions : la compensation et la création de symboles, fonctionnent non seulement chez l’individu mais également dans les sociétés et les nations ainsi que le montrent la révolution française et le déclin de Rome.

000302 – Le conditionnement terrestre de l’âme.(1927)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 29-49), (§49-103), ), & Jung, & Jung, PROBLÈMES DE L’AME MODERNE, Paris Buchet Chastel, 1960, (p.39-67)

Analyse de l’influence de la terre sur l’esprit humain considéré comme un système d’adaptation déterminé par les conditions de l’existence terrestre. On aborde les deux aspects, conscient et inconscient, de l’esprit ; ce dernier aspect étant considéré comme plus vaste et plus chtonien. Les contenus de l’inconscient, les archétypes, sont considérés comme les fondations cachées de l’esprit humain. Ils sont hérités en même temps que la structure du cerveau ; ils révèlent le lien avec la terre mais aussi avec le passé ancestral qui renferme la mémoire d’ex-périences répétées à l’infini. On suggère de rechercher un conditionnement d’ordre archétypique dans toute réaction sans commune mesure avec sa cause objective. L’analyse d’une frayeur enfantine déraisonnée débouche sur l’examen des thèmes rencontrés dans les contes ; ils illustrent la manière dont la psyché exprime la loi biogénétique selon laquelle l’ontogenèse récapitule la phylogenèse. Le même exemple est également utilisé pour illustrer les différences entre les points de vue freudien et jungien quant à l’origine des névroses chez les enfants : le premier n’en impute la cause qu’aux instincts sexuels de l’enfant tandis que le second considère l’esprit de l’enfant comme le prolongement psychique des parents. L’expérience universelle de la Mère et du Père est considérée comme l’archétype le plus fondamental, après lequel celui de l’opposition des sexes est le plus déterminant. De même que de tout temps l’homme a perçu et expérimenté la femme – et vice versa – ainsi l’homme individuel attend de rencontrer la femme. L’examen de l’animus chez la femme et de l’anima chez l’homme précise cette théorie. La colonisation de l’Amérique du Nord est proposée pour illustrer la façon dont les archétypes originels ont influencé le développement d’une culture et d’une civilisation spécifiques. 1 référence.

000303 – L’homme archaïque. (1931)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 50-73), (§104-147), & Jung, PROBLÈMES DE L’AME MODERNE, Paris Buchet Chastel, 1960, (p.133-164)

Etude de la psychologie de l’homme primitif et comparaison entre son état pré-logique et la perspective consciente de l’homme civilisé. A partir d’observations personnelles sur les sociétés primitives, on conclut que les hommes primitifs pensent, sentent et perçoivent de la même manière que l’homme civilisé, mais s’en distinguent par la manière dont ils rendent compte des événements. Les prémisses de l’homme primitif le situent dans un monde différent. Les primitifs ne voient pas les choses différemment de nous ; ce sont leurs prémisses qui diffèrent. Pour l’homme civilisé, tout événement peut s’expliquer par une causalité naturelle ou évidente ; pour l’homme primitif, les faits sont expliqués en termes de puissances invisibles, arbitraires et surnaturelles. L’homme primitif est à ce point marqué par, et adapté aux choses telles qu’elles sont, qu’une transgression aux lois de cet univers l’effraie et exige une meilleure explication que celle donnée par le fortuit ou la causalité naturelle. On considère que la croyance de l’homme primitif en ces pouvoirs arbitraires et surnaturels est partiellement fondée sur sa tendance psychologique à projeter si parfaitement sur le monde physique ses propres contenus psychi-ques inconscients qu’ils ne peuvent plus être distingués des faits objectifs et physiques. Ainsi, à travers ce que Levy-Bruhl a appelé la « participation mystique », l’homme primitif est limité, physiquement et psychiquement, par son milieu. Au contraire, l’homme civilisé croit qu’il est distinct de la nature et en possession d’une âme individuelle. Ainsi, l’homme moderne doit dépouiller la nature de toute réalité psychique et, afin de considérer objectivement son monde, il doit nier toutes ses propres projections archaïques. En observant la croyance des primitifs au surnaturel, à la magie et au mana, on est obligé de se demander si la psyché, l’âme de l’in-conscient, est originaire en l’homme ou si, dans les états primitifs de l’évolution consciente, elle existait en elle-même et ne fut que progressivement intégrée dans ce que nous appelons la psyché humaine. S’il est avéré que les contenus psychiques ont, en leur temps, existés indépendamment, on pourrait conclure que l’individualité humaine représente le produit fortuit de forces contenues dans l’environnement objectif.

000304 – Le problème psychique de l’homme moderne. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 74-94), (§148-196), & Jung, PROBLÈMES DE L’AME MODERNE, Paris Buchet Chastel, 1960, (p.165-193)

Prise en compte et analyse de la crise spirituelle de l’après première guerre mondiale ; elle se manifeste dans l’intérêt largement répandu du public pour la psychologie et la pensée orientale. On explique l’émergence récente de la nouvelle science psychologique par la perte d’une structure ou d’une forme exté-rieure permettant d’exprimer les élans et les espoirs de l’âme. La religion vivante fournissait par le passé cette forme ; la psyché pouvait donc paraître exister en dehors de l’homme et les problèmes psychologiques réduits au minimum. La première guerre mondiale a cependant non seulement brisé l’illusion de l’européen qui pensait pouvoir accéder à un siècle de paix et d’harmonie et maîtriser les forces psychiques, mais elle a également détruit la foi qu’il avait en lui-même. La confrontation avec les forces psychiques inconscientes a abouti à une quête de savoir qui a mené à la redécouverte de la parapsycho-logie, du spiritualisme, de la pensée orientale et de l’astrologie. Plus important encore, cela a stimulé l’intérêt pour la psychologie en tant que science pouvant aider l’homme à résoudre la crise spirituelle qui l’assaillait. D’autres signes socio-logiques sont considérés comme des symptômes de la situation psychologique de l’homme moderne, tels la redécouverte du corps et l’idéal de l’internationalisation, ou sa fascination pour la psyché ; ils vont le conduire vers une réévaluation de la nature humaine et vers un degré élevé de conscience.

000305 – Le problème amoureux d’un étudiant. (1923)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 97-112), (§197-235)

Revue des différentes formes de relations amoureuses et des diverses solutions apportées au problème du sexe et de l’amour. Ces questions sont jaugées en fonction de leur contribution au développement psychologique de l’étudiant. Le mariage, expression la plus communément acceptée de ces questions, a été tradi-tionnellement refusé à l’étudiant pour de multiples raisons, la plus immédiate étant que l’étudiant ne peut prendre en charge une famille. L’augmentation récente des mariages d’étudiants est attribuée à l’évolution psychologique de l’homme contemporain et à l’usage renforcé des contraceptifs. Les changements psychologiques sont attribués aux bouleversements spirituels nés d’un profond changement dans l’idée que l’homme se fait de lui-même. Se considérant à présent comme partie intégrante de la nature, et donc sujet à observation scientifique, l’homme moderne a accepté ce que la psychologie a découvert : le rôle déterminant de la sexualité dans la psychologie humaine. Les problèmes relatifs aux mariages d’étudiants sont analysés en mettant l’accent sur les différences psychologiques et sexuelles entre jeunes gens et jeunes filles. Est également notée l’importance de l’intégration du complexe sexuel dans l’ensemble de la personnalité. Analyse des autres formes de relations entre les sexes durant les années d’études. On pense que la valeur psychologique de ce genre de liaisons est subordonnée à la coexistence de l’amour avec la sexualité, faute de quoi on juge que leur brièveté inhibe le développement vers une sexualité mature. Examen des avantages et désavantages des relations homosexuelles. On reconnaît la possible valeur éducative de ce genre de relation entre un jeune et un homme plus âgé à condition qu’elle soit honnête et suivie. Les relations lesbiennes sont valables d’un point de vue affectif et intime mais, en renforçant les traits masculins, elles sont dangereuses quant au développement psychologique. Brefs commentaires sur les liaisons entre un jeune homme et une femme plus âgée, les relations platoniques, l’abstinence et la masturbation. On exclut les solutions utopiques d’amour libre et de mariage à l’essai qui sont des vœux imagi-naires. On fait observer que l’amour véritable aspire à l’engagement et sacrifie l’illusion que d’autres possibilités puissent exister.

000306 – La femme en Europe. (1927)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 113-133), (§236-275), & Jung, PROBLÈMES DE L’AME MODERNE, Paris Buchet Chastel, 1960, (p.273-300)

Examen du changement psychologique chez la femme après la première guerre mondiale et de ses répercussions dans la société. On considère que la femme moderne vit un moment de transition. La psyché européenne, mise en lambeaux par la guerre, cherche à établir un nouvel équilibre entre le conscient et l’inconscient. L’animus (caractère masculin de la psyché féminine) pousse le moi de la femme moderne, conditionné de tout temps par le modèle sexuel de la soumission, à s’affirmer. Ceci est manifeste dans le développement inattendu du nombre de femmes poursuivant des carrières masculines. La réaction consciente à l’influence inconsciente de l’animus est psychologiquement nécessaire pour établir un lien, mais le mariage traditionnel est trop restrictif pour la femme moderne et crée ainsi des problèmes conjugaux. La surpopulation féminine, la diffusion des contraceptifs et la demande croissante de liberté par les femmes ont contribué à affaiblir l’institution du mariage. Ce que sera la future relation entre les sexes représente la question fondamentale du problème conjugal. L’éros, relation psychique, caractérise la psyché féminine ; le logos, l’intérêt objectif, caractérise celle de l’homme. Chacun cependant possède des éléments de l’autre en lui ; précédemment inconscients, ils prennent à présent de l’importance. Bien que préjudiciable au développement psychologique de l’individu, cela constitue une avancée pour l’espèce. On considère ainsi que la femme moderne affaiblit le mariage afin de le faire évoluer. La femme qui suit la loi de son être et prend en charge la transformation de la société va se trouver prise entre deux faits universels : l’inertie historique et le besoin divin de créer.

000307 – A la conquête de la conscience. (1933)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 134-156), (§276-332), & Jung, L’HOMME A LA DECOUVERTE DE SON ÂME, Albin Michel, Paris 1987, (p.69-97)

En préambule à l’exposition des doctrines de base de la psychologie, examen des jugements erronés à son propos. L’expérience clinique démentant l’affirmation courante selon laquelle tout le monde possède la même psychologie, on a été amené à rechercher le fondement de cette croyance. On a découvert que l’homme primitif était caractérisé par sa psychologie groupale. Bien que l’homme moderne ait appris à se différencier de cette mentalité groupale, la conscience individuelle doit encore se développer à partir de l’inconscient collectif. Mais avec la conscience individuelle naît l’insatisfaction. Cette insatisfaction est considérée comme la réaction inconsciente au choc de la différenciation. Tout phénomène psychique est compensé par un autre : c’est là un axiome de la psychologie. Ainsi, l’insatisfaction de notre temps peut être considérée comme la tension générée par l’évolution de la conjonction des opposés. Le problème de l’homme moderne avec la psychologie vient de ce qu’il refuse d’admettre le principe de base de celle-ci : la psyché transcende l’homme et elle est en dernier ressort inconnaissable. Au lieu de demander à la psychologie un remède à son insatisfaction, l’homme moderne serait mieux inspiré de rechercher en lui-même le germe de l’unité. Les rêves, produits spontanés de la psyché pour compenser l’unilatéralité du conscient, indiquent le travail de l’inconscient. Leur interprétation correcte fournit une aide inappréciable à l’assimilation des contenus inconscients par le conscient. On examine l’art de l’interprétation des rêves. On conclut qu’il n’existe aucune méthode d’interprétation applicable à tous les rêves. 1 référence.

000308 – La névrose et l’autorégulation psychologique. (1934)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 157-173), (§333-370), & Jung, LA GUERISON PSYCHOLOGIQUE, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1970, (p.191-211)

Revue des récentes techniques psychothérapiques ; les psychothérapeutes sont invités à réévaluer et à changer leurs méthodes afin de rendre justice à la psyché humaine. Les différentes écoles de psychologie et leur multitude de techniques sont la preuve de la nature multiface de la psychologie et du tort porté à celle-ci par une approche unilatérale et doctrinaire. Il est impossible que les techniques psychothérapiques soient uniformément appliquées aux individus. Loi fondamentale de la thérapie est de considérer chaque cas dans sa nouveauté et son unité. Pour cela, le thérapeute doit être libre de tout préjugé théorique. Critique des théories réductrices (par ex. freudienne et adlérienne) relatives à la nature de l’inconscient et de son rôle dans les névroses : elles ne considèrent la névrose que sous l’angle de l’anormalité et privent ainsi le patient de la fonction compensatrice de l’inconscient qui agit à travers la névrose. L’art de l’analyste réside dans sa capacité à guider le patient à comprendre sa névrose et à lui permettre ainsi d’assimiler les justes contenus de son inconscient. On considère les religions comme des systèmes psychanalytiques qui expriment en images fortes toute la gamme des problèmes psychiques ; elles proclament et reconnaissent l’âme, elles révèlent la nature de l’âme. Cette approche de la religion contraste avec le point de vue rencontré dans « l’Avenir d’une illusion » de Freud.

000309 – Préface à « Aspects du drame contemporain ». (1946)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 177-178).

Dans une préface à une série d’articles sur les évènements contemporains, le besoin qu’a le psychothérapeute à dominer les situations extérieures est expliqué par les effets que les bouleversements sociaux et politiques ont sur la vie psychique de l’individu. En réponse à ce besoin, ces articles renferment des réflexions et des réactions relatives aux évènements et aux situations historiques entre 1936 et 1946. La réponse aux malentendus que ces articles ont provoqués est contenue dans un épilogue qui rassemble des passages d’autres écrits traitant des mêmes thèmes.

000310 – Wotan. (1936)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 179-193), (§371-399), & Jung ASPECT DU DRAME CONTEMPORAIN, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1983, (p.63-91)

On explique le mouvement du national socialisme (nazi) en Allemagne par le réveil des forces psychiques que symbolise l’ancien dieu germanique, Wotan. Bien que l’on admette que des facteurs politiques, économiques et psychologiques expliquent très bien ce mouvement, on maintient que celui-ci est mieux compris à travers la nouvelle possession de l’âme allemande par l’archétype de Wotan. On représentait ce dieu pré-chrétien du peuple germanique comme un voyageur infatigable, un libérateur des passions, un passionné de guerres, un médiateur du magicien vers les choses occultes, un dieu de l’orage et de la frénésie. On examine les effets d’un tel facteur archétypique et autonome sur la vie collective d’un peuple. On considère que plusieurs passages des écrits de Nietzsche anticipent le retour de Wotan. Pour expliquer les origines de Wotan et de son impact sur la religion allemande moderne, on fait largement référence aux ouvrages de Martin Nick et Wilhem Hauer traitant respectivement du mythe de Wotan et du « Mouvement de la foi » allemand. On incitait les membres du Mouvement de la foi à reconnaître que Wotan, et non le Christ, était le vrai dieu du peuple allemand. On considère qu’Hitler est un représentant de Wotan, un homme possédé qui a infecté une nation. Ainsi, le peuple allemand est considéré comme une victime plutôt qu’un agent actif du mal. On prévoit que Wotan, un jour, dévoilera l’autre face de sa nature – son aspect mantique et extatique – et que le mouvement du national socialisme n’en sera pas la dernière expression

000311 – Après la catastrophe. (1945)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 194-217), (§400-443), & Jung ASPECT DU DRAME CONTEMPORAIN, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1983, (p.117-170)

On tente (d’expliquer les facteurs psychologiques responsables des horreurs de l’Allemagne nazie par le fait que ce serait l’Europe qui a enfanté l’Allemagne : celle-ci n’a été que le point de cristallisation des bouleversements sociaux et spirituels qui se sont répandus à travers toute l’Europe et c’est toute l’Europe qui partage la culpabilité de l’Allemagne. On estime que certaines conditions sociales, par ex. le chômage de masse, l’urbanisation et la soumission à l’état, ont exacerbé la prédisposition au sentiment d’infériorité de l’Allemagne. Ce complexe d’infériorité s’est traduit par une surcompensation et un ensemble de traits pathologiques qui se sont, à l’évidence, manifestés en la personne d’Adolf Hitler. Celui-ci est l’incarnation de l’allemand moyen. Le peuple germanique a reconnu en Hitler le reflet de sa propre hystérie collective. Par hystérie, on veut dire que l’écart entre les opposés inhérents à toute psyché dépasse la normale et engendre une tension énergétique et une disposition à une disharmonie intérieure plus grandes. Le Faust de Goethe est un exemple parfait de cette aspect de la nature germanique. Le pacte germanique avec le diable réside dans l’abandon du spirituel en faveur du matériel. Avec la proclamation nietzschéenne de la mort de Dieu, la projection de l’image psychique de Dieu est retournée à ses origines et a produit le sentiment du « Dieu tout-puissant » qui a conduit le peuple allemand au désastre. N’étant plus donnés par la métaphysique de la religion, il est nécessaire de découvrir de nouveaux critères pour la bonté et la justice : c’est le problème moral auquel doit à présent faire face l’Europe. On conclut que l’Europe doit comprendre et accepter sa culpabilité collective et apprendre à vivre avec l’ombre profonde qui a été mise à jour dans la psyché. 1 référence.

000312 – Le combat avec l’ombre. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 218-226), (§444-457)

C’est en termes de psychologie de masse et de compensation qu’on explique les évènements historiques en Allemagne, entre 1936 et 1946. La première est considérée comme une psychologie individuelle magnifiée et elle est posée comme point de départ de cette explication ; la seconde, le concept de compensation, est alors évoquée pour expliquer les troubles observés dans l’inconscient de chaque allemand dès 1918. Les images de violence observées dans les rêves de ces patients sont analysées comme le reflet inconscient des maux multiples de la vie sociale allemande, par ex. le chômage de masse, l’humiliation nationale, l’urbanisation, etc. Tandis que les images sombres de l’inconscient surgissaient dans la conscience, des archétypes d’ordre se formaient, à titre compensatoire, dans l’inconscient. Il était prévisible que ce désir d’ordre soit exploité par le national socialisme. Le pouvoir attractif d’Hitler résidait dans le fait qu’il symbolisait quelque chose de l’inconscient de tous : il représentait l’ombre, la partie inférieure, de la personnalité de chacun. Les allemands n’ont pas reconnu l’incarnation de leur ombre en Hitler parce qu’ils la refusaient en eux-mêmes. Pour éviter que l’ombre de la psyché intérieure soit extériorisée en démagogie et en être victime, on estime essentiel de reconnaître sa propre ombre et de combattre sa tendance à la toute-puissance : c’est en effet de la qualité mentale de l’individu que dépendent la société et l’état.

000313 – Epilogue à « Aspects du drame contemporain ».(1946)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 227-243), (§458-487), & Jung ASPECT DU DRAME CONTEMPORAIN, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1983, (p.213-251)

A partir de citations tirées de sources multiples (« Le rôle de l’inconscient », « La structure de l’inconscient… », « Deux essais… », « Le sens de la psychologie pour l’homme moderne… », « Psychologie et religion », « Ensemble d’articles sur la psychologie analytique », « Le développement de la personnalité » et diverses conférences), analyse générale des facteurs psychologiques impliqués dans la catastrophe de la seconde guerre mondiale. La montée des violentes forces de l’inconscient collectif du peuple allemand est retracée à partir de son origine en 1918 jusqu’à son apogée dans la psychose de masse du national socialisme au début des années trente. La constellation des forces obscures de l’inconscient collectif est attribuée à l’effondrement de tous les espoirs conscients de l’Allemagne après la première guerre mondiale. En réponse aux critiques qui lui reprochaient de ne pas avoir suffisamment réagi contre le national socialisme dans les années précédant la deuxième guerre mondiale, Jung riposte que bien que l’Allemagne d’avant guerre fut dans la tourmente d’une psychose nationale, le rôle d’un psychiatre dans une telle situation n’est pas de condamner, mais d’aider à renforcer la compréhension consciente du processus. On espérait que les contenus de l’inconscient collectif, devenant conscients, pourraient alors être correctement assimilés. On maintient que le mouvement du national socialisme possédait des caractères bénéfiques qui ne furent malheureusement jamais effectifs.

000314 – Présent et avenir. Le soi caché. 1. L’individu menacé par la société. (1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 247-255), (§488-504), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p7-34)

Les menaces qui, dans la société moderne, pèsent sur l’individu sont analysées en fonction d’une double origine : la psychose latente d’une minorité subversive et le rationalisme scientifique. La minorité subversive est soumise à une exacer-bation collective et elle est gouvernée par des aspirations imaginaires ; le rationalisme scientifique réduit tous les faits individuels, y compris l’homme, à un dénominateur commun abstrait. L’inconscient individuel normal, ce vaste champ de l’activité psychique qui est immunisé contre le contrôle conscient et critique, est ouvert, via l’infection psychique inconsciente, à l’influence de la minorité subversive. La façon scientifique et statistique de voir a pour effet psychologique de remplacer l’individu par des unités conceptuelles qui sont, à leur tour, groupées en ensembles. L’état est une entité abstraite conçue pour représenter la somme totale de ces ensembles. Pour tenter de compenser le manque chaotique de l’absence de forme de la société, un chef infaillible est promu qui devient alors victime de l’inflation de son propre moi. Cette suite d’évènements est inévitable à partir du moment où l’individu se confond avec la masse et où il stoppe le développement de son particularisme ou de sa singularité individuelle.

000315 – Présent et avenir. Le soi caché. 2. Le phénomène religieux, antidote de la « massification » (1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 256-262), (§505-516), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p.35-54)

Analyse de la vrai nature de la religion en tant qu’expression d’une relation interpersonnelle avec une autorité coiffant celle de l’état. Cette croyance est considérée comme un attaque portée contre l’insanité de la masse et elle explique les tentatives des mouvements socio-politiques totalitaires pour supplanter la religion. L’état vole la dignité de l’individu en le privant des bases métaphy-siques de son existence. A travers la conscience d’une relation réciproque entre l’homme et une instance dans l’au-delà, l’individu reçoit le fondement de sa liberté et de son autonomie. Pour illustrer la façon dont l’état prend en charge les fonctions religieuses, on fait référence à l’action du régime soviétique et des religions établies. ‘une façon générale, l’état tente de détourner les masses de la croyance en un au-delà et promeut celle de l’ici-bas.

000316 – Présent et avenir. Le soi caché. 3. L’occident face au problème religieux. (1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 263-268), (§517-524), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p.55-72)

Le totalitarisme de l’état communiste est analysé au regard du développement individuel et il est jugé incompatible avec un tel développement. La principale menace des pays communistes à l’égard de l’occident est celle d’une infection psychique. Le fanatisme idéologique propagé par les communistes est comparé au fanatisme religieux et il est considéré, en fait, comme un substitut de la foi religieuse. L’idéalisme et la raison sont impuissants face à une telle conviction. On pense qu’une force de même puissance, une foi opposée au matérialisme, est nécessaire pour s’opposer à la diffusion du communisme. Une telle force doit provenir d’une expérience intérieure afin de résister à un examen critique. La tendance du christianisme moderne à s’effriter sous les coups du marxisme est considérée comme le résultat d’une adhésion aveugle de la part de nombre de chrétiens à l’interprétation littérale de sa propre mythologie. Une compré-hension symbolique de ces mythes, corroborée par l’expérience et le sentiment, permettrait à la chrétienté de résister à l’assaut du rationalisme. Une croyance irréfléchie et une foi injustifiée en la religion ou en l’état diminuent la liberté individuelle et augmentent sa vulnérabilité aux mainmises extérieures. On considère que l’occident n’offre aucun soutien à l’homme moderne contre le matérialisme : avec un système éducatif qui investit le monde dans une perspective scientifique (préalable nécessaire au matérialisme) et le manque de racines de sa population, l’Amérique est particulièrement vulnérable au communisme; l’Europe, elle, possède un type d’éducation historique et humaniste mais, sous couvert d’égoïsme nationaliste et de scepticisme paralysant, elle l’utilise contre elle-même. On conclut que toutes deux on besoin d’une pensée qui remette l’être humain au centre de la mesure de toutes choses.

000317 – Présent et avenir. Le soi caché. 4. L’individu et la compréhension de lui-même. (1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 269-283), (§525-548), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p.73-120)

Examen des difficultés que rencontre l’homme dans la compréhension de lui-même et estimation du rôle de la psychologie pour faciliter la connaissance de soi-même. L’homme étant un phénomène unique qui ne peut être comparé à quoique ce soit, on comprend qu’il en sache si peu sur sa propre valeur. Il revient alors à la psychologie d’expliquer l’homme à lui-même. Deux malentendus doivent être corrigés avant que la psychologie remplisse sa tâche : on doit comprendre que la psyché n’est ni un simple épiphénomène biochi-mique ni un phénomène entièrement personnel. Une compréhension de la psyché à travers sa seule manifestation apparente, l’individu, représente la tâche princeps de la psychologie. On considère que les obstacles à cette compréhension proviennent de l’église et de la science : la première demande l’adhésion à certaines croyances collectives ; la deuxième nécessite l’uniformité et rend encore plus difficile une appréciation correcte de la psyché humaine. On considère, cependant, que le plus grand obstacle est la peur de se découvrir soi-même, particulièrement dans le domaine de l’inconscient. Cette peur était évidente chez le fondateur de la psychanalyse, Freud lui-même ; au prétexte que c’était la seule forteresse raisonnable contre une possible « irruption du flot obscur de l’occultisme » si l’in–vestigation de l’inconscient était approfondie, il a soutenu sa théorie sexuelle au point de la pétrifier en dogme. L’homme moderne ne peut détourner son regard de l’inconscient s’il veut découvrir la vérité sur lui-même et rencontrer ainsi l’enjeu spirituel de son temps. La psychologie médicale est considérée comme un moyen par lequel l’individu, dans son unicité, est capable d’atteindre une connaissance et une compréhension de ses impulsions, de ses contenus inconscients, de ses instincts et de ses expériences intérieures. Il est nécessaire de tenir compte des éléments archétypiques de la psyché individuelle si la psychologie médicale veut atteindre son objectif : révéler l’homme à lui-même.

000318 – Présent et avenir. Le soi caché. 5. Conception philosophique du monde et conception psychologique de la vie 1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 284-292), (§549-564), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p.121-150)

On considère que le fossé entre la foi et le savoir, la religion et la philosophie, le conscient et l’inconscient est symptomatique de la dissociation de la conscience dans la société moderne et explique la quête d’une nouvelle philosophie de la vie. Celle-ci n’apparaît que lorsque la modification des conditions de l’existence est si rapide que se crée une tension entre les situations extérieures et les croyances intimes. Cette tension ne peut être évacuée ni par les religions officielles, ni par la montée de la philosophie rationaliste moderne ; il revient au psychologue d’affronter la résolution des opposés et de réadapter les images primordiales qui contrôlent le flot de l’énergie instinctuelle. On estime que l’homme moderne, soucieux de son conscient face à l’expansion de l’inconscient, est devenu étranger à ses instinct. Cette distance mène à des conflits entre le conscient et l’inconscient, l’esprit et la nature, la foi et le savoir. Résultat de cette déchirure intra-psychique entre la foi et le savoir aride : la plupart des hommes supprime l’un des deux pour mettre artificiellement en place une harmonie consciente en créant soit une alliance fanatique à une idéologie politique, soit une adhérence aveugle à l’interprétation littérale de la mythologie religieuse. L’inconscient équilibre le conscient. Il représente l’autre instance psychique susceptible de fournir à l’individu l’éprouvé religieux qui justifierait l’attitude religieuse et libérerait l’homme rationaliste moderne de la domination du moi.

000319 – Présent et avenir. Le soi caché. 6. La connaissance de soi (1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 293-301), (§565-581), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p.151-178)

Examen approfondi de la nécessité de comprendre le rôle de l’inconscient comme source de l’expérience religieuse et du mal. On encourage l’individu à se soumettre à une rigoureuse enquête sur, et à une connaissance de lui-même afin de découvrir le fondement de sa conscience, càd l’inconscient, unique intermédiaire à travers lequel on puisse avoir l’expérience de Dieu. Il est préjudiciable, pour l’avenir de l’homme, de sous-estimer le facteur psychologique. Non seulement l’ignorance de son inconscient privera l’homme de l’expérience religieuse, mais le rendra également aveugle à sa propre capacité au mal et par conséquent, en rendant possible la projection de ce mal, le privera de sa capacité à s’y confronter. Ces réflexions mènent à la compréhension de la dualité psychologique de la nature humaine. On considère essentiel de reconnaître l’ombre afin de mettre en place de véritables relations entre individus et la cohésion interne de la société. On conclut que la raison seule ne suffit pas à l’accomplissement de cette tâche : il faut une connaissance de soi plus approfondie, englobant toute la psyché.

000320 – Présent et avenir. Le soi caché. 7. La connaissance de soi, axe de l’avenir. (1956)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 302-305), (§582-588), & Jung PRESENT ET AVENIR, Buchet/Chastel, Paris 1970, (p.179-190)

Description des effets d’une authentique connaissance de soi et de la prise en compte de l’inconscient. Les temps modernes représentent, pour l’inconscient de tout le monde, une pério-de de profonds changements. La des-truction et le renouveau accompagnant cette métamorphose est manifeste dans l’art moderne, symptôme et symbole de la période. Ainsi que l’a montré l’approfondissement de la connaissance de soi, l’ombre, ou partie inférieure de la psyché, renferme de grandes potentialités. Que l’irruption de ces forces dans le conscient devienne progrès ou catastrophe dépend entièrement de la préparation du conscient à assimiler ces forces. La tâche de l’individu consiste à se préparer à accepter sa propre totalité. Seule une authentique transformation de l’individu apportera des changements significatifs à la race, parce que l’individu qui aura acquis une connaissance intime de soi pourra motiver les autres à réaliser un projet similaire.

000321 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. Préface à la première édition anglaise. Introduction. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 307-313), (§589-594) ), & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.23-29)

Les rumeurs concernant l’existence éventuelle des objets volant non identifiés (OVNI) sont considérées comme des évènements d’une signification telle, qu’un examen de leurs possibles conséquences psychiques semble nécessaire. L’incertitude constante du public quant à la nature des OVNI paraît avoir provoqué des fantasmes conscients et inconscients. On fait observer qu’il est difficile de déterminer si une première perception précède le fantasme ou si au contraire, un premier fantasme, né de l’inconscient, envahit le conscient d’illusions et de visions. A ajouter une troisième hypothèse à ces deux relations causales : les OVNI seraient un phénomène synchronistique, c-à-d une coïncidence significative et acausale. Le présent travail n’a pas l’intention de se prononcer de façon catégorique sur la réalité physique des OVNI, mais d’explorer les faits psychiques qui accompagnent ce phénomène. On examinera plus spécialement pourquoi les hommes préfèrent croire à l’existence des OVNI.

000322 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. 1. Les soucoupes volantes en tant que rumeur publique. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 314-329), (§595-625) & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.31-61)

Les soucoupes volantes sont traitées et analysées comme des produits de la psyché (des rumeurs). Pour les besoins de ce chapitre, on part du principe que les rapports sur les OVNI relèvent de fausses observations dans lesquelles l’obser-vateur a projeté son propre arrière-plan inconscient. Etant donné qu’une projection psychique suppose une cause psychique, on en déduit que les observations d’OVNI faites de par le monde montrent que la création de cette rumeur relève d’un motif psychique universel. Ce motif doit provenir de la tension extrême qu’éprouve l’humanité entière à propos de la situation précaire du monde. On applique les principes de l’interprétation des rêves pour analyser la rumeur des OVNI. On conclut que les OVNI représentent la combinaison en l’homme des images archét-y-piques de Dieu et de lui-même. On suppose alors que la situation mondiale qui menace la survie de l’espèce humaine a créé le désir d’un salut céleste. Le rationalisme de l’homme moderne ne lui permettant pas d’exprimer consciemment ce désir, il lui fallait projeter ce contenu inconscient. Le désir d’un salut venant de l’au-delà est en quelque sorte exprimé littéralement par ces rumeurs d’OVNI ; elles ont juste ce qu’il faut de vernis technologique pour les rendre acceptables à l’esprit de l’homme moderne. On en conclut que les OVNI représentent un mythe moderne. Comme tel, ils sont essentiellement des produits d’un archétype inconscient et par conséquent des symboles qui demandent une interprétation psychologique. 1 référence.

000323 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. 2. Les soucoupes volantes dans le rêve. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 330-382), (§626-723) & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.62-182)

Présentation et analyse de sept rêves relatifs aux OVNI. On justifie cette démarche par le fait que l’analyse des rêves révèle l’image dans son contexte associatif inconscient et aide ainsi à déterminer le sens du phénomène psychique que représente le mythe des OVNI. On utilise dans ces analyses les observations de Freud sur le rôle de l’instinct sexuel dans les rêves et les théories d’Adler relatives à la volonté de puissance. La signification des rêves n’est jamais réduite aux simples illusions produites par une sexualité refoulée ni au complexe d’infériorité sur compensée. Chaque rêve est interprété en fonction de la situation du rêveur. Nombre de ces images oniriques révèlent des similitudes avec des symboles alchimiques ou religieux, ou bien contiennent du matériel instinctuel ou archétypique. On observe qu’à une exception près, ces rêves manifestent un aspect de la crise spirituelle de notre époque ; (l’unique exception est signalée pour montrer que les symboles ne peuvent pas être interprétés de façon uniforme). En général, l’apparition d’OVNI dans les rêves symbolise un contenu de l’inconscient collectif tentant de percer la conscience pour compenser l’uni-té-ralité qui s’y développe. On conclut que le message transmis par les OVNI au rêveur est le rappel de sa propre âme et de sa propre totalité, une réponse à l’insanité actuelle des masses.5 références.

000324 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. 3. Les soucoupes volantes dans la peinture. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 383-400), (§724-756) & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.183-222)

Trois peintures modernes, reproduites dans le texte, sont analysées pour mieux éclairer la nature psychique du phénomène des OVNI. On a choisi inten-tionnellement des peintures parce que, traditionnellement, elles donnent une forme visible aux tendances de leur époque. Les objets éclatés et l’absence de la beauté dans les peintures modernes, par exemple, sont interprétés comme la réponse de l’artiste aux forces destructrices à l’œuvre à notre époque. On pense que ces forces apocalyptiques sont à l’origine du désir d’une intervention céleste chez l’homme moderne et exprimé symboliquement par le mythe des OVNI. Le symbole central du deuxième tableau, le « Semeur de feu » de E. Jacoby, ressemble à la boule de feu mentionnée dans les rapports sur les OVNI. Il est interprété comme un symbole unificateur qui rassemble le désir de salut et la peur du désastre. Dans le troisième tableau, les « Quatre dimensions » de P. Birkhauser, l’agencement inconscient des éléments suggère que les OVNI sont l’expression de contenus subliminaux ou des figures archétypiques. Le quatrième tableau, abstrait et sans titre, d’Yves Tanguy fait le même effet psychologique qu’un test de Rorschah. En supprimant la compréhension objective, l’artiste oblige le spectateur à se référer à sa propre appréciation subjective. Le pouvoir inconscient auquel fait appel le tableau est ainsi renforcé. Comme si par hasard, dans le chaos des possibles, apparaissent des principes d’ordre inattendus qui ont les plus étroites affinités avec les dominantes psychiques éternelles de l’inconscient.

000325 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. 4. Contribution à l’histoire du phénomène des soucoupes volantes. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 401-412), (§757-780) & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.223-247)

Rapide survol des références aux OVNI avant le 20è siècle et résumé des interprétations des rêves et tableaux des deux précédents chapitres. Quatre reproductions : deux fac-similé de gazettes du 16è siècle, une gravure sur bois du 19è et une illustration d’un manuscrit du 12è sont ajoutés au texte ; tous dépeignent des évènements célestes inaccoutumés considérés comme des précédents historiques du phénomène actuel des OVNI. On conclut, à partir de ces reproductions, des tableaux précédemment présentés et d’exemples de rêves, que, pour représenter ses contenus, l’inconscient utilise certains éléments imaginaires qui ressemblent au phénomène des OVNI. Une étude attentive révèle un contenu significatif décrit comme une épiphanie. Ces épiphanies sont exprimées en symboles qui unissent des paires d’opposés. Discussion à propos de cinq paires qui se répètent dans les exemples de ces trois chapitres. En réfléchissant à leur signification, on en arrive à supposer que la matière vivante possède un aspect psychique et que la psyché possède un aspect physique. Cette hypothèse est en accord avec l’expérience et représente une façon opportune de s’éloigner du parallélisme psychophysiologique pour aller vers un modèle de l’univers plus proche de l’idée de l’unus mundus.

000326 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. 5. Le phénomène des soucoupes volantes en dehors de la perspective psychologique. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 413-417), (§781-790) & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.248-258).

Discussion à propos de la réalité physique des OVNI ; esquisse des conséquences résultant des théories psychologiques proposées dans les chapitres précédents sur le phénomène des OVNI,. ‘après les informations données par Rupplet, ex-chef du groupe d’études des forces aériennes américaines sur les OVNI et de l’échec du professeur Menzel (qui ne croit pas aux OVNI) pour expliquer scientifiquement les observations authentiques des OVNI, on conclut que ces engins ont un fondement matériel inconnu. Ceci ne va pas à l’encontre des théories précédentes soutenant l’erreur des observations; on considère au contraire que leur existence soutient opportunément les projections mythologiques. Le phénomène des OVNI est expliqué en fonction de la signification qu’il prend dans le contexte historique actuel. Les extraordinaires conflits politiques, sociaux, philosophiques et religieux ont fait éclater le conscient de notre époque. Qu’un symbole d’unité et de totalité jaillisse spontanément des opposés est un fait psychologique. Quand ce symbole ne peut atteindre le conscient, il est projeté sur un évènement extérieur extraordinaire. L’intention du symbole est alors investie de pouvoirs numineux et mythologiques. C’est sur cette base que s’explique le phénomène des OVNI. On conclut que la situation psychique de l’humanité et le phénomène de la matérialité des soucoupes volantes ne sont pas liés par une relation causale évidente, mais qu’ils semblent coïncider entre eux de façon significative.

000327 – Un mythe moderne, les soucoupes volantes. 6. Epilogue. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 418-433), (§791-824) & Jung UN MYTHE MODERNE,Gallimard, Paris 1974, (p.259-286).

Résumé, en épilogue à une série d’articles sur les soucoupes volantes, de trois ouvrages traitant des OVNI et publiés pendant la rédaction des « Soucoupes volantes ». Le premier ouvrage, « Le secret des soucoupes volantes », décrit les expériences personnelles d’Orfeo Angelucci avec des êtres extraterrestres. On dit que l’auteur s’est mis à prêcher l’évangile des OVNI. Son exposé décrit, involontairement mais parfaitement, l’expérience mystique liée aux OVNI et au processus d’indivi-duation. Le second livre, « Le nuage noir » de l’astrophysicien Fred Hoyle, est une science fiction. D’un point de vue psychologique, il s’agit de la description d’un contenu imaginaire dont les symboles démontrent leur origine inconsciente. Interprétée symboliquement, l’intrigue dépeint l’effort des contenus inconscients pour atteindre le conscient. Le dénouement est fidèle à la vérité psychologique selon laquelle l’échec de l’intégration des contenus inconscients débouche sur un retour à l’état originaire. On estime que ces deux livres, bien que totalement différents dans leur perspective et leur style, sont mus par le même facteur inconscient et qu’ils utilisent au fond le même symbolisme. La troisième nouvelle : « Les coucous… » de John Wynham, est également une histoire de science fiction dans laquelle on décrit la réaction de l’homme en découvrant des humanoïdes supérieurs. Ces êtres plus développés ont un savoir plus étendu mais sans le degré de sentiment ou de morale correspondant. Paradoxalement, ces êtres supérieurement évolués font preuve d’une participation mystique primitive ; l’absence d’individuation reflète la condition de l’homme dans la société uniformisée marxiste. Ainsi, cette fin apparemment négative peut donner lieu à une interprétation positive. 1 référence.

000328 – La conscience morale d’un point de vue psychologique. (1958)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 437-455), (§825-857) & Jung ASPECT DU DRAME CONTEMPORAIN, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1983, (p.171-211).

Le concept de « conscience » est étudié en fonction de son lien au code moral et à la réalité psychologique. L’étymologie du mot conscience évoque une connaissance particulière : celle de la valeur émotionnelle du jugement attaché aux actes. On pense néanmoins que ce n’est pas le sujet empirique mais une personnalité inconsciente qui sait et se comporte comme un sujet conscient. La conscience est alors théoriquement une forme de comportement archétypique hérité. Le concept freudien de la conscience, comme surmoi inconscient inégalement acquis par chaque individu, va à l’encontre de cette hypothèse et est jugé impropre. Le surmoi freudien est considéré comme étant identique au code moral prévalent mais la conscience opère de façon indépendante et est antérieure au code moral, bien que l’on admette qu’il n’est pas facile de les distinguer. On présente un cas démontrant que la conscience représente la fonction d’un facteur psychique autonome et qu’elle possède une nature duelle, càd qu’il existe une « bonne » et une « mauvaise » conscience, mettant ainsi en évidence, encore plus clairement que tout autre phénomène psychique, la polarité de la psyché. On explique la conscience comme la collision entre la connaissance et un archétype numineux ; comme telle, elle est une manifestation morale et éthique : morale quand elle suscite un comportement qui bouscule les préceptes moraux de la communauté, éthique lorsqu’elle est en accord avec le fondement le plus profond de soi, comme dans le cas d’un conflit de devoirs. 1 référence.

000329 – Le bien et le mal dans la psychologie analytique.1959)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 456-468), (§858-886) & Jung, PSYCHOLOGIE ET ORIENTALISME, Albin Michel Paris 1985, 293 p. (p.264-278).

Etude du sens du bien et du mal et de leur rôle dans un traitement psychothérapeutique. Le bien et le mal sont des principes insaisis-sables dans leur réalité profonde et forment la base de nos jugements éthiques. En tant que principes réduits à leurs racines ontologiques, ils sont considérés comme les aspects premiers de Dieu, une réalité surordonnée plus puissante que l’individu. Le psychothérapeute est appelé à traiter empiriquement avec le bien et le mal, mais cela ne doit pas laisser entendre que les principes en eux-mêmes puissent être relativisés. Néanmoins, il doit aborder le bien et le mal en fonction de l’individu et non du code moral : la réalité des deux concepts ne peut être perçue et appréhendée qu’en fonction d’évènements et de situations spécifiques, tandis que la morale conventionnelle, comme les principes en physique, n’ont qu’une validité statistique. Une brève analyse de l’attitude orientale envers le bien et le mal aboutit à la conclusion que l’individu sain est celui qui est capable de voir en même temps les côtés sombres et lumineux de la nature et être ainsi libéré de la contrainte des opposés.

000330 -Introduction à « Etude de psychologie jungienne » de Toni Wolff. (1959)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 469-476), (§887-902)

Dans la préface aux « Etudes de la psychologie jungienne » de Tony Wolf, on reprend plusieurs problèmes récurrents de la psychologie analytique étudiés dans l’ouvrage. Un de ces problèmes naît du fait qu’une grande partie du travail thérapeutique de la psychologie analytique se situe à un niveau collectif et évite ainsi d’analyser les différences individuelles. Autre problème : ce sont les préjugés de l’analyste qui servent de critère de normalité. En tant que présidente du club de psychologie de Zurich, Wolf avait remarqué qu’il était dans la nature d’un groupe d’attirer ses membres vers une imitation mutuelle et une interdépendance. Elle a utilisé ses observations sur la façon de travailler de son propre groupe comme matière à plusieurs articles sur la psychologie de groupe et, en particulier, sur la façon dont le groupe faisait baisser la conscience individuelle.

000331 -Signification de la ligne suisse dans l’analyse spectrale de l’Europe. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p 479-488), (§903-924) & Jung ASPECT DU DRAME CONTEMPORAIN, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1983, (p.93-116).

Revue de l’ouvrage du comte Hermann Keyserling, « Le spectre de l’Europe » et attention particulière sur le jugement qu’il porte sur la Suisse. La valeur essentielle de ce livre réside dans le fait qu’il s’opposé à une approche purement rationnelle. Keyserling prône le retour à une conception psychologique du monde dans laquelle les nations sont considérées comme les fonctions d’un homme grand et invisible. On estime que cette vue cosmique de l’humanité est fondamen-talement idéale, pour ne pas dire « métaphysique », et prouve indiscu-tablement que Keyserling n’a pas les pieds sur terre. On estime globa-lement correcte sa critique sur la Suisse considérée comme la plus arriérée, conser-vatrice, rigide, sûre de son droit, auto-satisfaite et grossière de toutes les nations européennes ; telle quelle, elle est cependant le centre psychologique et géographique des européens : grâce à ses liens avec le passé et sa neutralité, la Suisse est appelée le centre de gravité de l’Europe. En transformant les nations en fonctions, Keyserling détruit leur substance fictives et les situent dans le contexte d’un système fonctionnel où les besoins de l’Europe entière doivent être pris en compte. Partout, les hommes ont besoin, non pas de modifier le caractère de leur pays respectif, mais plutôt de le transcender.

000332 -L’émergence d’un nouveau monde. (1930)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p 489-495), (§925-934).

Commentaire de l’ouvrage du comte H. Keyserling, « Libérer l’Amérique » ; on estime que Keyserling se penche sur l’Amérique de la même façon que sur l’Europe. Il aborde l’Amérique avec un préjugé européen ce qui rend suspecte la justesse de nombre de ses observations et conclusions. Elles sont néanmoins considérées comme des réflexions importantes sur la sensibilité européenne. Le sous-titre de l’ouvrage, « La montée d’un nouveau monde », thème de l’œuvre, se s’applique pas uniquement à l’Amérique mais à tout le monde occidental. Keyserling est considéré comme le porte-parole de la pensée collective ; sa prédiction concernant la percée d’une nouvelle conscience et d’une nouvelle façon de voir le monde, est accueillie comme une juste appréciation, quoique involontaire, du changement en cours au fond de l’inconscient de l’homme moderne. On cite plusieurs passages de l’œuvre pour montrer la saveur et l’étendue des observations de Keyserling. On s’intéresse particulièrement au fait qu’il estime que l’Amérique est encore dépourvue d’âme, qu’elle est le pays de l’enfant-roi et que son critère de moralité est lié au standing. On pense que ses commentaires sur la relation des sexes, sur la famille, sur la féminisation des hommes et la masculinisation des femmes contribue pour beaucoup à la façon de voir des européens à ce sujet. Keyserling a compris que le monde entrait dans une ère qui place la compréhension au-dessus de la foi et l’expérience au-dessus de la croyance. Ce qu’il dit de la relation des sexes en Amérique est particulièrement intéressant.

000333 -Compte rendu de « la révolution mondiale » de Keserling. (1934)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 496-501), (§935-945).

Commentaire du livre du comte H. Keyserling, « La révolution mondiale » ; bien qu’écrit en français, il est jugé d’esprit germanique. On considère que l’impré-cision et l’infinie multitude propres aux caractères chinois sont le meilleur moyen pour exprimer les éclairs d’intuition qui caractérisent son esprit. Ce livre est le répertoire des réactions de Keyserling aux évènements contemporains. Le spirituel et le tellurique sont les pôles opposés de l’œuvre, et on considère que l’homme moderne est en train de vivre la « mutation du monde » due au renversement de ces pôles. Keyserling propose que l’homme sauve ce qu’il peut de son héritage spirituel en faisant revivre l’idée d’un monastère culturel, mais on critique son idée selon laquelle tout, en dernière analyse, peut être compris. L’esprit a peut-être été submergé par le tellurique en vue de sa propre résurrection, mais Keyserling doit être compris symboliquement et de façon littérale car c’est alors seulement qu’il pourra être reconnu comme le porte-parole de l’esprit cosmique de l’homme spirituel.

000334 -La complexité de la psychologie américaine. (1930)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 502-514), (§946-980).

On propose quelques explications aux particularismes de la psychologie américaine telles qu’elles apparaissent à l’observateur. Les américains auraient un penchant au collectivisme, à la promiscuité sexuelle, à l’activisme, et aux manifestations émotionnelles. Les américains sont non seulement psychologiquement mais aussi anatomiquement différents de leurs ancêtres européens. Leurs différences sont attribuées à deux facteurs : la coexistence avec les races noires et caucasiennes, et l’influence de la région sur ses habitants. On pense que le tempérament d’une race primitive est particulièrement prégnante parce qu’il touche l’inconscient de la race plus évoluée et provoque ainsi un certain mimétisme dans le caractère. On constate l’influence noire dans la façon de rire des américains, leur amour d’une socialisation bruyante, leurs mouvements, leur danse et leur musique désordonnés. On observe que certaines peuplades très primitives croient qu’il est impossible de voler un territoire parce que les enfants qui y sont nés ont hérité de la puissance des esprits ancestraux. Comparaison entre l’influence orientale sur la Rome antique et l’influence des indiens sur l’Amérique. Exemples caracté-ristiques de ce phénomène : les différences morphologiques entre les américains et les européens, particulièrement évidentes dans l’évolution du faciès européen vers une structure indienne. Après 25 ans de pratique avec des patients américains, on conclut que le principe directeur de l’esprit américain consiste en un idéal héroïque, attitude typiquement caractéristique d’une société primitive et compétitive. C’est à travers cette attitude héroïque que l’influence de l’esprit indien traditionnel est la plus évidente. Le proverbe qui veut que le conquérant domine le corps mais succombe aux esprits est appliqué à l’Amérique, mais on ne tire aucune conclusion quant à la valeur de ces influences. Il est simplement intéressant d’observer que la psychologie de l’Amérique est la plus compliquée de toutes les nations.

000335 -L’inde, un monde comme celui des rêves. (1939)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 515-524), (§981-1001) & Jung, PSYCHOLOGIE ET ORIENTALISME, Albin Michel Paris 1985, 293 p. (p.107-119).

Compte rendu des impressions d’un circuit de six semaines en Inde. On considère que l’Inde possède un certain fond immuable sur lequel tous les évènements, aussi bien ceux de la vie individuelle que ceux d’une civilisation culturelle en marche, se déroulent comme dans un film. La vie indoue est extraordinairement riche en couleurs et en détails, mais elle semble essen-tiellement transitoire, comme un rêve, comme un voile maya multicolore. On note qu’on sent en Inde la présence d’un grand âge dont on ne saisit que l’intitulé historique ; l’histoire est considérée insignifiante en Inde, parce que tout ce qui existe a déjà existé mille fois par le passé, même l’unique Bouddha Gautama qui n’est qu’un des multiples Bouddha successifs. L’occident est accroché à un vecteur directionnel, l’Inde le prolonge indéfiniment jusqu’à son retour aux origines. La différence entre le tempérament musul-man et indou s’exprime jusque dans la façon respective de s’habiller : l’une est active et agressive, l’autre est passive et soumise. L’impression de douceur que donne l’indou révèle une prédominance de l’élément féminin dans la famille. La vie familiale et les relations entre les sexes en Inde, comparées à celles de l’occident, apparaissent supérieures à plusieurs égards ; on en conclut que les indous ont trouvé un degré d’appartenance domestique que nous ne pouvons atteindre.

000336 – Ce que l’Inde peut nous apprendre. (1939)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 525-530), (§1002-1013) & Jung, PSYCHOLOGIE ET ORIENTALISME, Albin Michel Paris 1985, 293 p. (p.121-127).

Le mode de pensée indou, comparé à celui de l’occident, lui est à certains points de vue supérieur. On observe que les indous ne « pensent » pas comme les occidentaux mais qu’ils ressentent plutôt leur pensées ; ce type de cognition est semblable au processus de penser primitif et est considéré comme le développement naturel d’une civilisation qui a perduré depuis les temps originaires. Or en occident l’homme primitif a été confronté à l’invasion d’une psychologie et d’une spiritualité qui avaient appartenu à une civilisation bien plus développée. Cette invasion a eu pour conséquence la fragmentation de la psyché de l’homme occidental en un conscient super développé lié au refou-lement d’un inconscient primitif. On estime que, s’il veut survivre, l’homme occidental a besoin d’éprouver l’ombre de cet inconscient. De son côté, l’Inde est l’exemple d’une civilisation qui a intégré les vestiges essen-tiels de l’état primitif. La psychologie et la civilisation de l’Inde sont symbolisées par les sculptures qui décorent les temples et qui présentent l’homme sous son meilleur et pire aspect. Aux yeux de l’observateur occidental, cela ressemble aux images oniriques parce que la vie quotidienne du pays donne la parole au monde inconscient que nous voulons ignorer; l’Inde représente, sans refoulement, violence ou rationalisme, l’autre aspect de l’homme civilisé. Contrairement à la tendance occidentale qui scrute les détails de la nature et donc traite de faits isolés, le mode de pensée indou étend, de façon caractéristique, le champ des perspec-tives. En conclusion, l’indou est capable de transformer ses dieux en pensées, puisqu’en fin de compte le concept de Dieu est fondé sur des modèles de pensée instinctuels ; ainsi, l’indou, contrairement à l’européen, a été capable de sauver ses dieux et de vivre avec eux.

000337 – Editorial. (Remarques sur la psychothérapie). (1933)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 533-534), (§1014-1015) &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.9-10).

Remarques générales sur le cursus de la psychothérapie exposées lors d’une intervention à la Société médicale internationale de psychothérapie. On observe que la psychothérapie, comme la politique, est marquée par le mélange de doctrines contradictoires. On déplore les méthodes d’observations unilatérales et exclusives ; l’idéal serait d’apprécier impartialement toutes les contributions en faveur de la psychothérapie. On espère que les théoriciens futurs iront au-delà du domaine de la pathologie et de l’individualisme pour élaborer des théories qui tiendront compte de la psyché dans son ensemble.

000338 -A propos de notre temps, réponse au Dr Bally. (1934)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 535-544), (§1016-1034), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.12-19).

Une réponse au Dr. Bally répond à un double objectif : expliquer comment le nom de Jung a été lié au manifeste politique nazi et réfuter l’accusation d’anti-sémitisme suite à la diffusion du manifeste. Ce manifeste devait paraître dans une édition spéciale du « Zentralblatt fur Psychothérapie », le journal de la Société internationale de psychothérapie, qui ne devait être diffusé qu’en Allemagne ; il consistait en un engagement de loyauté envers le gouvernement allemand et la promesse, de la part de la section germanique de la Société, de pratiquer une « psychothérapie allemande ». Ces promesses étaient demandées à la section germanique menacée de dissolution. Contrairement au souhait de Jung, cet article à été imprimé dans l’édition régulière du Zentralblatt et le nom de Jung en tant que président de la Société apparut au bas de l’article. On fait remarquer que, s’il est facile de railler la « psychothérapie allemande », il s’agit de bien autre chose lorsqu’il faut traiter avec les demandes des politiques et essayer de sauver la médecine au nom de l’humanité. Il n’est pas dans le rôle du médecin de contester le national socialisme comme parti politique mais plutôt de soigner les malades même s’ils sont des ennemis. La question juive avait été soulevée dans les premiers travaux de Jung, mais ce genre de sujets délicats sont du domaine du psychothérapeute. Toutes les théories psychologiques devraient être examinées à la lumière de leurs prémisses psychologiques ; étant donné qu’elles sont identiques à l’idiosyncrasie individuelle conditionnée par la famille, la nation, la race, le lieu et l’histoire, on peut s’attendre à ce que l’arrière-plan ethnique du théoricien influent sur ses théories. On prétend que cette tendance naturelle est au fondement de la critique jungienne contre les théories de Freud et d’Adler parce qu’a priori sionistes. On fait remarquer que cette question avait été soulevée dès 1913 mais que ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle est exploitée à des fins politiques.

000339 – Lettre circulaire. (Invitation aux psychothérapeutes). (1934)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 545-546), (§1035-1038), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.20-21).

Reproduction d’une lettre circulaire adressée à tous les psychothérapeutes, quelque soit leur croyance, pour les inviter à se joindre à la Société médicale internationale de psychothérapie. On précise que la Société est divisée en groupe nationaux mais que les membres de la Société ne sont pas obligés de s’y affilier.

000340 – Editorial. (Psychothérapie et philosophie). (1935)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 547-551), (§1039-1051), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.21-24).

Réfutation de l’accusation selon laquelle la psychothérapie moderne est trop préoccupée de problèmes philosophiques et pas assez du détail des cas. On maintient que la thérapie consiste à aider l’individu à s’adapter à la situation tant interne qu’externe et qu’elle doit donc tenir compte des forces économiques, philosophiques et religieuses du moment. La psychothérapie ne peut dissocier artificiellement son propre sujet – la psyché malade – de son contexte: la psyché en général. En conséquence et en complément de la psychothérapie, de nombreuses théories relatives à la nature de la psyché ont fleuri. A leur tour, les prémisses de ces théories doivent être analysées afin de déterminer si elles ne sont pas influencées par les a priori personnels du théoricien. On fait remarquer que toutes les sciences doivent remettre en question leurs propres hypothèses ; il est particulièrement important, au stade actuel de la psychothérapie, de questionner les hypothèses générales afin de mettre en lumière celles, d’autant plus dangereuses, qui sont tacitement admises.

000341 – Note éditoriale. (aspects internationaux de la psychothérapie). (1935)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 552-553), (§1052-1054), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.25).

En tant que symbole de la caractéristique culturelle suisse de promouvoir la collaboration internationale, on apprécie l’insertion de trois articles rédigés par des auteurs étrangers dans la publication suisse du Zentralblatt. On fait remarquer que le plus grand danger qui menace la psychologie est son approche unilatérale et que ces articles contribuent, contrairement à celle des autres nations, à l’enrichissement de l’approche suisse.

000342 -Allocation de bienvenue au 8ème congrès général de psychothérapie à Bad Nauheim. (1935)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 554-556), (§1055-1059), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.25-27).

En tant que symbole de la caractéristique culturelle suisse de promouvoir la collaboration internationale, on apprécie l’insertion de trois articles rédigés par des auteurs étrangers dans la publication suisse du Zentralblatt. On fait remarquer que le plus grand danger qui menace la psychologie est son approche unilatérale et que ces articles contribuent, contrairement à celle des autres nations, à l’enrichissement de l’approche suisse.

000343 – Intervention devant le groupe suisse de la Société médicale générale et internationale de psychothérapie. (1935)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 557-560), (§1060-1063).

Exposé des raisons qui ont fait accepter à Jung la présidence de la Société Internationale, les difficultés inhérentes à ce poste et les perspectives sur l’avenir de la psychothérapie. La présidence fut acceptée pour soutenir la position de la psychothérapie en Allemagne et pour aider à maintenir ses contacts internationaux. On fait remarquer que d’emblée, en semant les germes de suspicion politicarde et de sectarisme, les adversaires de la Société ont tenté de rendre impossible toute discussion objective – visée et but de la Société -. Ayant surmonté ces problèmes, la Société est à présent suffisamment forte pour assumer ses responsabilités sociales. On doit être conscient du fait que les problèmes psychologiques sont plus profondément enracinés dans le public qu’on ne le pense généralement. A l’instar des médecins, les psychothérapeutes sont invités à accepter des assistants afin d’élargir leur propre champ de manœuvre.

000344 -Allocation de bienvenue au 9ème congrès international de psychothérapie à Copenhague. (1937)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 561-563), (§1064-1068), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.30-31).

L’accent est mis sur l’importance de promouvoir une perspective qui permette aux psychothérapeutes de s’affranchir des limites artificielles des préjugés nationaux, religieux et philosophiques. On émet le vœu que chaque avis professionnel puisse s’exprimer et que le plus grand nombre possible de pays puisse contribuer à former une image complète de la psyché européenne.

000345 -Allocation de bienvenue au 10ème congrès international de psychothérapie à Oxford. (1937)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.10, 2nd ed., Princeton University Press, 1970, 609 p. (p. 564-567), (§1069-1073), &Jung, CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE, n° 82, 1995, Paris, (p.32-34)

On considère que dans le champ de la psychothérapie, le principal obstacle à la collaboration réside dans les querelles doctrinales qui ont divisé les psychologues en écoles sectaires. Etant donné que la majeure partie de l’exercice de la psychothérapie ne relève pas d’un fondement théorique particulier, on propose que ces diverses écoles cessent de débattre de l’essence de la psyché et tentent de trouver un terrain commun dans le champ de la technique thérapeutique. Le Comité suisse de psychothérapie qui a été capable de rassembler sur un terrain d’entente les diverses factions est cité comme exemple de la façon dont peut se faire une avancée vers une harmonie opérationnelle en psychologie.
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